Vivre à Londres

vendredi 27 mars 2020

London stands together


Quelques jours à la maison et la source de créativité reprend du service.
Je la croyais tarie depuis que nous sommes devenus britanniques - comme si je n'avais plus rien à dire ! Pour accepter que cet "entre deux" va durer un an, il fallait du temps. C'était sans compter sur la situation de crise sanitaire mondiale, qui nous ferait presque regretter le sujet du Brexit.
Si je reprends le clavier, ce n'est pas pour présenter la prochaine gay pride, avec toutes ces couleurs vives, mais bien pour partager le sens de cette illustration.
Publiée dans un journal quotidien ces jours-ci, les lecteurs sont invités à l'imprimer et l'afficher à leurs fenêtres. L'artiste Peter Blake, a repris la thématique de l'arc en ciel, devenue le symbole de la solidarité.
Cet après midi, je me suis lancée à la recherche des dessins d'enfants accrochés aux vitres. Peter Blake, figure du pop art anglais, est à l'origine de la couverture de l'album mythique des Beatles Sergeant Pepper.
Do something today that your future self will thank you for
An obstacle is often a stepping stone.



Habituellement, la rue dans laquelle nous avons emménagé il y a 5 ans dans la plus totale discrétion, est imperturbable. On ne croise pas un chat, à peine quelques renards la nuit tombée; aucun visage connu. De chaque côté de notre semi detached house, de jeunes professionnels en colocation nous prennent les colis de temps en temps. Depuis quelques jours, 70 voisins participent à des échanges sur un groupe Whatsapp, initié par un petit papier glissé dans la boîte. Deux habitants ont proposé leur aide pour s'entraider et créent le groupe. Ironie du sort, l'un d'entre eux tombe malade et demande quelques services de courses sur le groupe. Depuis, les partages de liens propres au voisinage, collectes pour une banque alimentaire ou propositions de services affluent.
Toujours cette même semaine, alors qu'il semble que le temps est arrêté, nous entendons une ambulance venir un soir se garer juste à côté du 26, pour secourir un monsieur âgé. Il laisse peut-être derrière lui sa femme, qu'on espère autonome.
Le lendemain, j'apprends par un des habitants du 24 (on est identifié par nos numéros) que ce couple avait demandé de l'aide un peu plus tôt pour aller chercher des médicaments, en appelant un numéro de téléphone distribué par le MP local qui a réuni et partagé une liste de volontaires, glissée aussi dans la boîte dans toute la circonscription. Il est donc possible de les joindre par téléphone.
Une femme qui n'avait pas encore communiqué sur le groupe nous informe qu'elle est médecin NHS, des messages de soutien se succéderont toute la soirée. A défaut de mettre un visage sur le personnel médical, on sait qu'une voisine a entendu les applaudissements d'hier soir.
L'institution de la NHS a souvent mauvaise presse, mais en quelques jours, de nouveaux héros sont mis en avant. Les mots de remerciements s'affichent un peu partout.

De retour chez moi, je croise une personne en train de lire...allongée avec son livre sur des coussins sur le trottoir. Une occasion de profiter du soleil en évitant les rassemblements au parc, faute de jardin : on s’adapte !