Vivre à Londres

jeudi 13 septembre 2012

Book club # 2 : French children don't throw food



Le calme de l'été se prêtant bien à la lecture, j'ai pu rattraper l'énorme retard que je prends chaque année...en partie à cause de mes visites sur les blogs ou du temps passé sur celui-ci.
Ce livre à la couverture façon confiture Bonne maman, sorti en janvier 2012, est écrit par une journaliste américaine mariée à un anglais, vivant à Paris, Pamela Druckerman.

Elle partage ses réflexions autour de l'éducation des enfants français et anglophones, à prendre au second degré et j'ai bien rigolé ! La journaliste soulève de nombreuses questions restées sans réponses depuis mon arrivée dans la Nappy Valley, la vallée des couches, (surnom donné au quartier). 
En effet, si vous connaissez Northcote road, vous aurez remarqué ses larges trottoirs saturés par des embouteillage de poussettes - dû à un taux record local de natalité. Le drame, ici, serait de vivre avec des difficultés à concevoir un enfant. Tout est fait pour l'ENFANT.

*La place de l'ENFANT
A l'époque où nous cherchions un quartier pour nous installer, nous étions tombés sous le charme de l'ambiance familiale. Mais nous ne savions pas que nous serions entourés de petits blonds pieds nus dans les poussettes en hiver, inscrit dès leur première année à des activités en pagaille, des groupes de jeux (playgroups) et sirotant leur babycino à la terrasse des cafés.
La poussette à deux étages : avec en dessous, le bébé allongé et dessus le grand frère assis  
* L'autorité :
Dans les squares parisiens, Pamela Druckerman a observé les enfants français (mais aussi interviewé des sociologues, des professionnels de la petite enfance et a lu Françoise Dolto) comme nous observons les mamans anglophones du quartier. Si physiquement il est assez facile de faire la différence entre les mamans (question de look), c'est surtout une question d'horaires : au delà de 17h, il n'y a plus que les mamans étrangères; l'heure du repas des enfants anglais approchant.
Si j'en reviens aux comportements observés dans les parcs, la principale différence est pour la journaliste, la gestion de la frustration. Comment dire non à son enfant ? Ici, les mamans peinent à le faire. Je le remarque tous les jours, en écoutant les autres mamans parler à leur enfant, avec douceur, empathie, elle encourage, félicite, au moindre de ses gestes.
Ici, l'enfant n'a pas de problème d'estime de soi !

Le parc est un bon terrain d'observation sur nos différences culturelles. Qui joue avec son enfant et pousse la balançoire en chantant des nursery ryhmes ? Qui crie sur son enfant ?
Pamela Druckerman a relevé une différence majeure : la mère française tente de différer les envies de son enfant, alors que la maman anglophone est toute affairée à répondre à ses nombreux désirs...Selon la journaliste, "attends !" est un mot très souvent utilisé par les parents français.
Quant à la pratique de la fessée, interdite en Grande Bretagne, le sujet est assez amusant. Il nous a fallu parfois prévenir des amis (français) en vacances chez nous : pas de fessées dans les lieux publics ! 

*L'autonomie
Le dévouement des mamans anglaises envers leurs petits est vraiment la première chose qui frappe les mamans françaises de mon entourage, ce que P. Druckerman évoque tout au long de son livre. Elle y compare l'autonomie des enfants français et anglophones. Elle cite un exemple assez significatif. Quand on cherche à savoir quelle est l'organisation familiale d'une maman, en anglais, ça donne "are you working?", en français, "what do you do ?" (l'activité professionnelle pour une femme étant beaucoup moins facile en Grande Bretagne qu'en France, vu le problème du coût des modes de garde)
Elle se moque souvent de l'"overparenting" de ses concitoyennes. Au parc, les mamans françaises sont celles qui papotent sur le banc ! Par contre, elle regrette que les mamans françaises soient si difficiles d'approche dans les lieux publics, tout à fait le contraire de ce que nous vivons ici, où les rencontres au parc sont immédiates.

*Un cadre plus strict
Souvent  mentionné par la journaliste, ce terme est presque intraduisible pour moi (à part "frame", mais l'expression reste très française). Le cadre est quelque chose qui n'est pas écrit, qui est très subjectif. Pamela Druckerman donne l'exemple des bébés qui font leurs nuits à 3 mois, impensable dans le monde anglophone ! Savions nous que nous obéissions à des codes communs ? Plus rigides, sûrement, moins permissifs, peut-être. Mieux ?


*Les habitudes alimentaires

Pamela Druckerman annonce fièrement dans son livre que son bébé a obtenu une place en crèche (à Paris, wouahou) et décrit les menus des enfants dans les détails (elle a réussi à infiltrer les commission d’élaboration des menus). Nos enfants inscrits en école anglaise auront de habitudes culinaires bien différentes, avec cheese nan et chicken massala ! Il n'est pas rare de voir les enfants anglais avec des "snacks" tout au long de la journée, dont les fameux Hula Hoops ou les raisins de Corinthe en mini boîte.
L'auteur du livre s’extasie sur les bonnes manières des enfants français, à table en particulier. Je dois dire que les institutrices disent la même chose de mes enfants, qui, depuis deux ans ont adopté le petit surnom de "dinner winner" - dinner pour repas du midi, ne cherchez pas à comprendre.

De là à savoir lesquels de ces enfants sont les plus heureux ?  Les enfants français décrits par l'auteur du livre sont-ils aussi bien dans leur peau que leurs voisins anglais ?
C'est comme l'entraînement à l'écriture en lettres cursives : pourquoi les enfants français écrivent en lettres cursives (gros point d'admiration) ? Parce que c'est parfaitement inutile. Les points négatifs de l'éducation à la française, la journaliste ne les a pas encore découverts parce que ses enfants ne sont pas encore à l'âge des devoirs fastidieux.
Ce cadre, Pamela Druckerman ne l'a pas vécu en tant qu'enfant. On pourrait aussi l'appeler le moule. En France, on est heureux à l'école si on "rentre dans le moule". Il faut suivre le groupe.
Oui, les enfants français se tiennent mieux à table, mais ils s'ennuient à l'école !
: Book club # 1

15 commentaires:

  1. Très intéressant ton point de vue sur l'école et l'avis d'une Française expatriée en GB si j'ai bien compris ? J'espère qu'on aura une traduction du livre en français, je ne me sens pas de le lire en VO et d'en comprendre les subtilités du second degré. Il y'a quelques mois j'avais traduit sur mon blog larticle de Pamela Druckerman paru dans le Wall Street journal .

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    1. Oui, nous avons choisi l'école anglaise pour nos enfants, depuis deux ans, et je dois dire que c'est une autre approche ! L'individu a une place beaucoup plus importante et la relation a l'adulte n'a rien à voir avec celle de l'école publique française de Charlemagne !
      Je vais aller faire un petit tour sur ton blog ! Merci de ta visite !

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  2. Coucou, moi aussi j'ai lu ce livre dont tout le monde parle et pourtant je n'ai pas d'enfant mais je l'ai trouvé tres interessant, drole! J'ai beaucoup ton article ou tu partages ton vecu ;-)

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    1. Merci Pauline, hâte de savoir comment tu mettras en pratique tout ça...entre les deux cultures !

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  3. Super critique. Le peu que tu m'en as fait lire m'a paru très bien écrit et agréable à lire, drôle et bien observé ! Même si bien sûr, elle a une vision assez idéalisée de l'enfant français qui mange de tout, obéit à ses parents et ne pique jamais de caprice dans les magasins :-)

    J'hallucine parfois sur le ton de voix employé par les mères anglaises pour s'adresser à leur enfant, super aigu, super mélodieux et enthousiaste en permanence. On dirait qu'elles ne s'énervent jamais. Elles doivent être complètement épuisées le soir !

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    1. Je pense que c'est pour cette raison que les enfants anglais sont couchés à 19h ! Non, je blague bien-sûr !

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  4. Merci pour cette critique : j'ai moi aussi envie de lire ce livre qui met des mots sur ce que je vois jour apres jour ici, a savoir une incessante et epuisante quete de la perfection. Lorsqu'on a son premier enfant a 40 ans passes et qu'on arrete de travailler "pour se consacrer a sa famille", forcement, la pression est enorme. Sur les meres, les peres seuls a gagner leur vie et sur les enfants !
    Decompressons, decompressons !

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    1. merci Eva, et dire que je t'ai conseillé ce quartier !!!

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  5. Voilà. On habite bien la même ville. Et j'en tire à peu près les mêmes conclusions. Je me demandent souvent comment ces mums héroiques arrivent à supporter leurs petits; aaah oui, c'est vrai, elles les mettent au lit à 18h...

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    1. Tes dessins reflètent bien ces différences, je ne suis pas étonnée que tu t'amuses avec le sujet !

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  6. Super ton "article" Claire et le livre que j'ai deja bien entamme est en effet excellent et m'a vraiment fait rire.
    Je partage beaucoup le point de vue de cette americaine j'avoue... Je trouve en effet les enfants francais mieux eleves et ils se tiennent bien mieux a table et sont ultra polis. Mais j'ai quand meme une grande question qui je crois n'aura jamais de reponse a mes yeux: si on pense aux adultes...: pourquoi les francais deviennent en grandissant aussi mal eleves alors? Et pourquoi les anglais sont ils au contraire aussi polis et prevenants? Je ne peux pas me l'expliquer. C'est le monde a l'envers.
    Pour finir, je suis bien d'accord avec toi: les francais s'ennuient souvent dans le systeme educatif francais. Vive le systeme anglais!
    Céline

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  7. Bonjour, je suis française vivant à Paris et c'est mon mari anglais qui est expatrié depuis de nombreuses années!
    il partage absolument ces observations et moi aussi d'après ce que j'en vois quand nous séjournons à Londres ou Edinburgh...(il trouve les parents français tellement "énervés" et "à cheval sur les principes"!)
    L'observation ci-dessus est très juste et pour moi la réponse est évidente: A trop vouloir faire rentrer nos petits français dans le fameux moule, ils se "lâche" de façon malheureuse à l'âge adulte!
    A l'inverse, favoriser la fantaisie, voire l'exentricité, permet d'intégrer les règles de façon plus subtile et plus profonde...
    EVE

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    1. Merci Eve, pour ce commentaire ! Oui, les adultes français en ont trop "bavé" à l'école !!! On le remarque beaucoup ici dans la prise de parole en public, les français n'ont pas confiance en eux !!!

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    2. Oui c'est vrai!
      En tout cas, profitez bien de cette chance, je m'expatrierais volontiers à mon tour!

      Bonne continuation!
      EVE


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  8. j'ai decouvert aussi que certaines "mères héroiques" survivent à l'heure fatidique de 18-19h ... étant mère à Paris je confirme à celles qui l'ignorent que c'est l'heure fatale AUSSI en France (ou j'appelle mon mari en pleurant)... comme quoi, "gérer" la sagesse au parc ou au restau se paye par des explosions à d'autres heures qu'une observatrice de parc ne voit pas... tout est question d'apparence! peut être les petits anglais sont plus calmes et moins stressés le matin pour aller à l'école, ou le soir? dejà stressé à 3 ans, ça fait peur...
    bref...ces mères héroiques que je connais ont un secret : la TV...je reste encore avec mes tentatives de jeux en famille...
    après, les théorie d'éducation diminuent si on a plus d'enfants: pour mon deuxième enfant, je n'entend déjà plus s'il crie au parc,jette tout en l'air... je ne vois plus la nourriture partout dans le restaurant, les voisins pas contents... bref.. c'est la parents français qui deviennent mal élévés en fait... au début on dirait qu'ils gèrent et puis blam, tout d'un coup, ils lachent tout ... peut être pour ça que les enfants deviennent plus durs en grandissant!!!

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