Pourquoi avons-nous attendu si longtemps ?
Nous vivions dans un quartier qui, comme l'expression "mouchoir de poche" le définit bien, où le
besoin de véhicule ne s'était pas présenté (en revanche, pas mal de dépenses au quotidien). Pour se déplacer en famille, en plus du vélo, nous utilisions le bus, la trottinette, le métro, le train, le taxi (black cab, mini-cab et Uber), pourquoi pas un Boris bike dans le centre de Londres, et aussi le service d'une compagnie qui loue des voitures à l'heure, Zipcar, (sans chauffeur !).
Les transports collectifs nous apportaient entière satisfaction, et nous n'avions aucune envie de nous équiper d'une voiture. Pour les vacances, nous louions une voiture ou nous voyagions en Eurostar, parfois avec beaucoup trop de valises. Maintenant qu'on a un coffre, on ne se prive pas pour rapporter quelques provisions transmanche !
Le vélo à Londres :
Nous roulions déjà en vélo avant de venir vivre à Londres. Lorsque nous avons choisi notre quartier, nous savions que nous pourrions atteindre nos lieux de travail sans prendre le métro. Un luxe énorme que nous nous sommes accordés en quittant la région parisienne. Nous voici ici sur nos vélos, accompagnés d'une photo d'un cycliste hors du commun prise en route.
La conduite à gauche n'a posé aucun problème - éventuellement quelques confusions - surtout si on change de pays trop souvent. Il faut faire équipe avec le conducteur pour être sûr qu'il empreinte la bonne voie (je surveille).
A vélo, nous avons vite pris confiance car les pistes cyclables sont très nombreuses et traversent les parcs alentours, c'est très agréable.
Nous avions vu passer sous nos fenêtres la course Londres / Brighton à vélo, qui remporte un succès énorme chaque année (pas encore inscrits).
Les entreprises proposent un service en collaboration avec le gouvernement, géré par plusieurs organisations, comme Bike 2 Work, Cycle to Work Scheme.
Le plan incite les salariés à faire leurs trajets en vélo, par tous les temps, grâce à un esprit sportif et axé sur la vie en plein air - ici, on sort par tous les temps - avec des vêtements adaptés et douche à l'arrivée et/ ou en route, ça dépend de la chance qu'on a.
La démarche administrative est un peu longue, car l'entreprise doit recevoir l'accord de l'organisation pour accorder la demande du vélo auprès du magasin. Le prix du vélo + matériel est ensuite déduit de la fiche de salaire, mensuellement, et permet d’obtenir une réduction d'impôt (en fonction du prix du vélo, donc plus intéressant pour l'achat de vélos très technique).
J'ai eu de la chance avec le "scheme" : j'avais terminé de payer mon vélo quand on me l'a volé !
Louer une voiture à l'heure :
L’inconvénient de la location à l'heure, en plus d'anticiper une date, est qu'il est difficile de prévoir à l'avance la durée nécessaire. Embouteillages, imprévus, et les courses chez Ikea, le trajet à la déchetterie, deviennent une course contre la montre. Tout est minuté et donc stressant (on achète n'importe quoi au rayon bricolage, résultat, on doit y retourner pour échanger).
Je repense à Marlies, une maman qui accompagnait ses enfants à leur leçon de piscine avec un créneau qu'elle réservait toutes les semaines pour une heure ou deux. Toujours la même voiture, garée à deux pas de chez elle. J'admirai sa détermination et son sens de l'organisation (je ne conduisais pas encore à ce moment-là). Et puis, un jour, elle a dû déployer des trésors ingéniosité pour récupérer tous les sacs qu'elle avait laissé dans le coffre de la voiture - qui entre temps était repartie avec d'autres clients !
Conduire une voiture avec le volant à DROITE :
Quelques familles roulent avec leurs voitures françaises et semblent très bien s'en sortir. Nous vivons l’expérience du volant "du mauvais côté" de temps en temps en conduisant en France, avec la voiture "anglaise", ce qui nous amuse beaucoup :
- les français nous parle anglais (c'est drôle)
- les anglais en vacances en France nous parle anglais mais on est français !
- les péages en France amusent beaucoup les enfants à l'arrière de la voiture, c'est eux qui payent si on est le seul adulte au volant (impossible d'atteindre la machine)
J'ai longtemps attendu pour conduire à Londres, curieusement, je conduisais à gauche en vélo, mais appréhendais la conduite d'une voiture, les ronds points, les priorités (à gauche, à droite ?) l'épreuve de la marche arrière, du parking et du passage des vitesses avec la main gauche !Je me suis jetée à l'eau grâce à une amie qui m'a laissée conduire sa voiture (elle se reconnaîtra !) et j'ai immédiatement pensé qu'on avait trop attendu, avant de sortir le nez dehors le matin pour monter sur son vélo sous la pluie, à attendre un taxi, à attendre un bus...
Quelques règles à savoir :
Le parking :
Se garer à Londres est cher, environ £3 de l'heure, nous évitons le centre ville (qui a une taxe, appelée Congestion Charge en semaine, et coûte £11,50 pour entrer dans le centre ville, moins £1 si on est abonné). Le parking est gratuit dans certains quartiers le dimanche, pratique proche des rues commerçantes.
Aucune possibilité de rester garé sans payer ou approximativement : les personnes chargées de mettre les contraventions sont très ponctuelles et efficaces !
La contravention vous sera remise sous forme d'amende papier, enveloppée dans un petit plastique transparent (ils ont tout prévu !).
Les mairies proposent des abonnements de parking à l'année, qui reviennent à environ £160, et pour les amis de passage, on peut leur réserver une place à la journée, un ticket virtuel (très facile à mettre en place online) ou format papier qu'on gratte comme un ticket de jeux !
Petits signes à déchiffrer :
La conduite est très cordiale, on se remercie, on se laisse passer et surtout on est très patient. Les signalisations sont très pragmatiques, s'il y un doute, tout est écrit au sol comme GIVE WAY ! Ligne rouge = pas de stationnement !
La plus grande différence à mon sens est la notion de carrefour, une zone hachurée en jaune protégée comme la Reine, avec caméras et distribution d'amendes systématiques : NE PAS S'ARRETER DESSUS. Si les voitures de devant tardent à dépasser le carrefour, je n'ai qu'un conseil, foncez !
Cette semaine, je roulais tranquillement de nuit, à l'occasion d'une conduite pour les activités des enfants, lorsque j’aperçois dans mon rétroviseur un gyrophare bleu - silencieux - d'une voiture banalisée. Je continue ma route jusqu'à ce que le gyrophare se mette en marche, je comprends alors qu'il s'agit d'un message qui m'est certainement destiné.
Or, je n'ai ni papier d’identité ni permis sur moi (le port des papiers d'identité n'est pas obligatoire, mais je devrais avoir le permis sur moi), et j'ai aussi laissé mon fils de moins de 11 ans tout seul à la maison !
Je me sens soudain un peu vulnérable à la vue de la personne qui se dirige tout droit vers moi. Police ? Services sociaux ? Je peine à trouver l'ouverture automatique de la vitre, la personne ouvre ma porte sans hésitations et me montre son badge de Police (pourquoi il n'est pas en uniforme, je n'ose le lui demander); et il me dit :
- "vous n'avez pas allumé vos phares"
- "ah oui ? C'est bizarre, d'habitude c'est automatique !"
- "vous avez fait quoi ce soir ? (sous entendant : conduisez vous en état d’ivresse - j'ai compris l'allusion !)
- "j'étais chez moi
Je me demande comment il va poursuivre notre échange... il me fait un grand sourire et je lui souhaite une bonne soirée à lui aussi.
Ouf, un réflexe français : la peur du gendarme !