L'exposition "Strange and Familiar..."a lieu en ce moment au Barbican Centre, dans un quartier un peu à part. Il est situé au cœur de la City, excentré des quartiers plus touristiques et l'ensemble moderne au premier abord est assez froid et austère.
Après les bombardements de la seconde guerre mondiale, le projet de reconstruction du quartier veut redonner vie à une communauté. "The Barbican Estate" est alors imaginé sur plusieurs bâtiments d'habitations, auxquels s'ajoute le Centre Culturel, qui ne voit le jour que 10 ans après le début des travaux.
Le Barbican est inauguré par la Reine en 1982 après de nombreuses controverses autour de son architecture. Le béton est assez présent et l'ampleur du projet est vaste. En marchant dans le quartier, j'ai eu aussi quelques a priori en cherchant mon chemin parmi les immeubles.
Une fois à l'intérieur, le bâtiment m'a beaucoup inspirée. L'exposition de photos présente plusieurs époques depuis 1950, et propose des regards très différents sur la société anglaise. Avant d'atteindre le troisième étage pour trouver l'exposition, je sillonne le bâtiment et observe les gens évoluer, travailler, discuter. Le gris domine avec les différentes textures de béton, avec des touches de couleur au plafond et par endroit, la lumière est parfaite pour capturer quelques instants.
Les 23 photographes ont été sélectionnés pour leur travail autour de la grande Bretagne de 1930 à maintenant; une période de changements majeurs.
La sélection très éclectique (du noir et blanc à la couleur) a comme point commun de représenter des habitants dans leur quotidien, des portraits d'anonymes, vivant à Belfast, Glasgow, Liverpool, Londres, ou au Pays de Galle ou encore dans les Iles Hébrides, des tranches de vies racontées par ces photographes venus d'Europe, d'Asie ou d'Amérique.
Le rez de chaussé est impressionnant et je m'arrête pour faire des photos. Il y a une grande terrasse avec des fontaines.
Les contrastes soulignés par le noir et le blanc décrivent une réalité brutale et même l'apparition de la couleur dans ces scènes urbaines dépouillées tranche avec le dénuement.
Je découvre Cas Oorthuys, un photographe néerlandais, qui a photographié lui aussi les contrastes de Londres, cette femme assise à Hyde Park, en 1953; ou encore cet homme qui fait des bulles dans la rue. Autant de situations que l'on cherche à décrypter.
Raymond Depardon, journaliste-reporter d'images français , a photographié Glasgow dans les années 80, pour un projet qui ne verra pas le jour. Le Sunday-Times refusa de publier les photos dans l'éventualité de choquer ses lecteurs...Une réalité que Raymond Depardon montre avec une touche de couleur dans un monde délabré, sans emplois.
Un espace à découvrir et à suivre de près pour sa programmation.