Depuis le 5 Août 2014, la Tour de Londres s'est métamorphosée à l'occasion du 100ième anniversaire du début de l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne en 1914.
En mémoire aux 888 246 soldats britanniques disparus
un coquelicot en céramique est planté pour
chaque vie perdue.
L'artiste Paul Cummins, à l'origine de ce projet, a créé ce"
poppy"(chaque exemplaire est unique) , Au mois de novembre chaque année, cette fleur rouge est partout sur les boutonnières, un symbole très fort dans tout le Common Wealth en mémoire à ceux qui sont morts à la guerre.
Depuis le mois d’août, les coquelicots ont "poussé" partout autour de Tower of London. La sculpture est en constante évolution, grâce au travail de volontaires (en s'inscrivant sur le site) pour une matinée ou une après midi. Un artiste scénographe, Tom Pipe est chargé d'organiser l'installation. L'oeuvre
collective s’intègre même dans certaines parties du château. Elle porte le nom d'un poème écrit par un soldat anonyme.
Blood Swept Lands and Seas of Red.
Dimanche 14 Septembre, 7h30.
Je me suis levée de bonne heure pour être à la Tour de Londres à 9h, mais d'autres viennent de toute l'Angleterre pour être là.
Le métro et les rues du centre de Londres sont calmes à cette heure matinale : comment ai-je pu me laisser entraîner par l'enthousiasme de ma copine Coco qui avait tout organisé il y a quelques semaines ?
Tous les volontaires sont regroupés dans une salle qui diffuse une vidéo sur le projet, on y voit l'atelier de l'artiste, comment il fabrique ses coquelicots, et son équipe à l'oeuvre. Leur implication est visible, ils évoquent leur travail avec émotion. Chaque exemplaire est fait à la main et symbolise une vie perdue.
*behind the scenes*
9h30 : Team spirit
Un Tshirt rouge "Volunteer" marqué au dos et un badge nous sont remis. L'équipe est presque prête à débuter, il ne manque plus que l'équipement "technique", gants, lunettes de sécurité, marteau. On ne sait pas trop si on sera à la hauteur du projet.
9h35 : C'est parti !
Chacun à son poste. Les chefs d'équipes nous dirigent vers le lieu qui nous est imparti pour la matinée. On nous explique comment préparer les tiges (enfoncer des rondelles et un petit capuchon pour fixer le coquelicot) et ensuite les fournir aux planteurs.
9h40 : chacun s'active à son poste
Les plus rapides sont déjà à leur poste, les planteurs s'avèrent plus nombreux. Ils ont bien compris que l’aspect "enfilage" n'était pas des plus amusant. Nous commençons donc par le poste le moins populaire.
10h30 : on ne s'ennuie pas mais...
Nos pouces sont tout endoloris à cause du mouvement des rondelles qui ne sont pas forcément au bon diamètre; mais la pile de tiges diminue, nos efforts sont visibles. En même temps, on discute avec Coco et on observe autour de nous les autres membres volontaires venus par petits groupes. De nombreuses personnes se prennent en photo devant les coquelicots. L'ambiance est conviviale.
Un volontaire s'approche de nous et nous propose d'échanger nos tâches : halleluya !
10h45 : la pause
Nous quittons nos gants pour faire une petite pause - bien méritée - et aller faire le tour de l'installation. En effet, les chefs d'équipe nous ont autorisé à quitter notre poste pour aller voir cette "mer rouge" qui envahit l'herbe verte par ondulations de coquelicots plantés très proches les uns des autres, à des hauteurs différentes. Etre presque toute seule devant ce spectacle est superbe. La Duchesse de Cambridge, aurait versé sa petite larme en inaugurant le début du "chantier".
11h00 : on plante
Nous sommes à genoux (petites planches en mousse fournies pour les genoux), et masquées, pour fixer les coquelicots. Chacun à sa manière de faire. Il y a ceux qui mettent toutes les tiges en places, pour ensuite y ajouter les coquelicots et ceux qui font l'opération fleur par fleur, avec l'aide d'un partenaire, celui qui plante, celui qui met la fleur. Celui qui casse...(j'ai cassé un pétale)
11h15 : on replante
Un Supervisor vient nous parler avec beaucoup de diplomatie. Il s'avère que certaines zones sont trop clairsemées et qu'il faut s'infiltrer agilement pour aller étoffer la masse de fleurs. Opération très satisfaisante, on plante, on déplante, on prend un peu plus de liberté !
11h20 : on se fait des amis
Notre voisine nous regarde d'un mauvais œil : elle est celle qui ne plante pas assez serré et qui n'a pas enfilé de rondelles (elle dit qu'elle n'a "pas assez de forces") heureusement la superviseuse lui montre tous les trous à combler. Elle donne des détails intéressants sur le projet, on a l'impression d'être au cœur d'une aventure humaine, en plus de l'aspect artistique.
11h25 : rupture de fleurs
Sauvées par le gong, il n'y a plus assez de fleurs, il faut en laisser pour cet après midi. La production ne suit pas aussi vite que prévu. Pourtant, la superviseuse nous explique qu'il reste au moins la moitié des fleurs à planter, qu'il n'y en a donc "que" 500 000" pour l'instant. Il faut que toutes les fleurs commandées puissent trouver leur place et suivre le "plan" initial.
A partir du 12 novembre, des volontaires seront missionnés pour retirer le travail de leurs prédécesseurs. Et chaque fleur est mise en vente pour £25, il y a déjà
200 000 fleurs qui se sont écoulées les 4 premiers jours de l'opération.
11h30 : petit ménage
On ramasse le matériel et les fleurs cassées, il y a 3 boîtes différentes : la catégories fleurs cassées en arrivant, défaut de fabrication, ou cassées sur place...
Des "teams" se prennent ensemble en photos et expliquent gaiement qu'elles ne se connaissaient pas avant.
Un projet visuellement impressionnant et un pari humain extraordinaire.
Pour se porter volontaire, c'est
ici.
Pour acheter un poppy,
ici.
#TowerPoppies