Je suis tombée sur cette courbe des différentes étapes de l'expatriation que j'ai trouvée très bien faite (merci
Delphine).
Depuis presque 3 ans passés dans la même maison (fait incroyable ici) située dans un quartier du sud de Londres, je constate que l'évolution dans le temps est assez fidèle à mon parcours ici.
1.Une première phase nommée "irréalité" : où le changement est vécu comme un rêve : j'en suis nostalgique ! On se sent en vacances toute l'année !
2. Une impression de vivre dans un monde fantastique où tout est enthousiasmant : qui n'a pas été un peu énervé à nous écouter louer les qualités de la vie à Londres ? Le choix éducatif pour les enfants en école anglaise, l'approche positive de l'enfant, les conversations style "
small talk" avec tout le monde, la politesse...etc
3. On comprend mieux les différences entre notre nouvel environnement et notre vie d'avant : il n'y a pas qu'ici qu'on est heureux !
4. Acceptation de la réalité. Il faut se faire à l'idée qu'après seulement quelques mots on entend cette remarque classique "ah vous êtes français ?". Les personnages politiques ou les invités des
talk shows sont encore presque tous des inconnus pour nous (et pourtant nous pouvions voter lors de l'éléction du maire de Londres). Quand il y a du bruit, les conversations sont un peu confuses et l'humour à retardement n'est pas toujours bien vécu.
5. On réagit : recherche de nouvelles stratégies, en devenant déléguée de classe, en créant un club de cinéma français avec des mamans francophiles anglaises. En regardant "
Downton Abbey" "
The Voice" ou "
Masterchef" pour avoir un large éventail de sujets de conversations.
6. On constate que l'amie anglaise est toujours introuvable. Les invitations à dîner sont inexistantes... parce qu'on cuisine trop bien ? Notre capacité à créer des liens n'est pas à remettre en doute (surtout dans un quartier avec autant de français) mais cette période "transitoire" dans le pays nous rend peut-être moins "attachant" ?
7. Une phase d'intégration où les différences culturelles sont vécues avec plus de mesure. On n'a plus besoin de ramener des provisions de France !
Cette courbe n'est pas rectiligne, vous l'aurez compris. Rien de très rassurant cet
article dans
Ici Londres de ce mois ci.
Le journaliste Christian Roudaut, auteur de "
France je t'aime je te quitte" enfonce un peu plus le clou. Après avoir passé 12 ans à Londres, il met en avant le difficile retour au bercail et évoque le "
reverse culture shock". Son article "l
'amère patrie" publié dans le Monde évoquait les difficultés à se réadapter à son pays d'origine, les expatriés devenant des "impatriés" : une nouvelle identité qui n'est pas sans créer des décalages...
home sweet home : dans quel pays ?